Citation :

Jazzie-Lynn Naomie Cooper
Je tiens beaucoup à ma montre, c’est mon grand-père qui me l’a vendue sur son lit de mort.

"- Salut, je peux m'assoir ici ou pas ?". "- Non, j'aime pas ta tête !". Et voila comment j'ai rencontré Lullaby pour la toute première fois. Nous avoisinions toutes les deux les huit ou neuf ans et à l'aide de son magnifique petit minois, elle était venue me demander si la place à côté de moi était prise. Suite à ma cinglante remarque, je vis son regard océan briller de milles feux et sa lèvre supérieure trembler. Elle se mit à serrer de toutes ses forces son petit sac de cours soigneusement blotti dans ses bras d'enfant et elle devait très certainement se contenir. Rapidement, un sourire vint prendre place sur mon visage tandis que l'écho lointain de notre nouvelle maitresse parvenait à mes oreilles, invitant les élèves à se trouver une place au plus vite. "- Non, mais je rigole ! Tu peux t'assoir, la place est libre. Je m'appelle Jazzie !". L'information dû considérablement choquer ce petit bout de femme puisqu'elle mit bien trente bonnes secondes avant de se détendre, sourire et s'assoir sur la chaise à ma droite. "- Moi c'est Lullaby !".

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La rencontre avec ma seconde meilleure amie, se fit quelques semaines plus tard, non loin de chez moi... et elle fut... légèrement plus comique je dois dire... "- RÉPÈTES POUR VOIR ?!?". Cette voix... je ne la connaissais pas encore à l'époque et pourtant, dès lors elle m'envouta, en quelque sorte. Bien sûr, curieuse comme pas deux, je m'approchais de l'endroit où l'espèce de tornade qu'était cette gamine de huit ans semblait se déchainer. "- Je suis désolée Kierra... je voulais pas te mettre en colère...". Je regardais avec émerveillement ce petit garçon, les yeux baissés, se confondre en excuses devant une gamine bien déterminée à lui faire voir de quel bois elle se chauffait. Je fus subjuguée par tant de respect, tant d'autorité. "- J'te préviens, la prochaine fois que t'insultes les spice girl, j'te refais le portrait !!!!". Le garçon fit de gros yeux, effrayé par cette gamine qui devait faire au moins trois têtes de moins que lui, mais à qui la volonté presque innée aurait permis de soulever les plus grosses montagnes. "- Dégages maintenant !!!!". Et le petit garçon partit à toute allure, reprenant enfin une attitude dite, normale. La scène était terminé, le spectacle également et pourtant, je restais là, incapable du moindre mouvement. "- Tu me veux quoi toi ?". Oups. Peut-être que rester dans les parages allait m'attirer les foudres de cette étrange personnage ? Et pourtant, ma confiance en moi-même prit le dessus et je ne bougea pas vraiment, tenant tête à cette gamine à la fierté aussi élevée que la mienne. "- Comment tu l'as dominé !!! T'es trop forte !!!". J'avais décidé de joué franc jeu, quitte à me prendre un retours brusque de la part de la gamine. Mais peu importait. Il y eut un long moment de silence, pesant et lourd. Puis, d'un coup, le visage de la gamine s'illumina et elle se mit à rire, tout comme moi. "- Ouais je sais, ils ont tous peur de moi, parce que je connais des prises de karaté ! Au fait, moi c'est Kierra !".

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"- NOOOOOOOOOON !!!!" . "- Mais si ! Je te jure !!!" . "- P*tain mais noooooooon !!!!" . "- Mais siiiii !!!!" . "- Raaaaa j'te crois pas !!! C'est trop improbable !!!" . "- Mais si je te le dis !!!" . "- Taisez-vous, y en a qui essayent de suivre ce que dit le prof ! " . "- ... --' " . "- Parfois ma Lulu, je me demande pourquoi on est amie..." . "- Non mais attends, Kiki essaye de me faire croire qu'elle a croisé George Clooney hier soir en rentrant chez elle !!" . "- J'men fou ! J'veux écouter le cours !" . "- Bah oui je l'ai croisé et ça me brise le cœur que tu doutes ainsi de ma parole tu sais !" . "- Genre !" . "- Sérieusement, taisez-vous j'arrive pas à écouter là !" . "- Non mais George Cloo-ney quoi !!" . "- Bah ouais, même qu'il était en train de boire un nespresso et qu'il était tout content !" . "- Pff mais sérieux Lulu, aides-moi là !" . "- Bon les deux chieuses là, fermez vos bouches. J'men beurre la raie que Kiki ait croisé George Clooney ou qu'elle ait bu un café avec lui dans une limousine rose à paillette !!!! JE VEUX ÉCOUTER LE COURS MERDE !!!!" . "- ........ bah Lulu faut pas se mettre dans des états pareils..." . "- LULABY VOUS VOUS CROYEZ OU LA ?!? ON EST PAS A LA FOIRE DONC SI VOUS VOULEZ CRIER, SORTEZ DE MON COURS !!!!".

C'était typique de notre amitié de nous taquiner de la sorte. C'était notre moteur. Plus les années passaient et plus nous étions étrangement proches. Si Lullaby et Kierra étaient deux personnalités opposées, dès lors que je les avais présenté - ça devait être peu de temps après ma rencontre avec ces deux énergumènes - nous étions devenues le trio infernal. Les Totally Spies de l'Australie... Jerry en moins... malheureusement. Pourtant, nous étions trois personnalités très différentes. Il y avait tout d'abord la tumultueuse Kierra, la fille magnifique aux allures de garçon manqué et au franc parlé que j'admirais par dessus tout. Puis, la douce Lullaby, studieuse et généralement calme et timide, une vraie perle cette fille. Et enfin moi... seulement moi... peut-être la moins atypique du groupe... J'étais un peu un mélange de Lulu et Kiki, mais en version moi... ouais, pas très clair tout cela, je sais... Dès lors que Kierra et Lullaby étaient entrées dans ma vie, elles avaient pris une importance primordiale. Ma famille n'était rien à côté. de toute façon, je vivais seulement avec ma mère et mon frère, mes parents étant divorcés depuis de longues années et mon père vivant loin et travaillant énormément. J'avais une vie simple, un peu trop parfois d'après ma mère qui aurait aimé que je fasse de longues études, que je me trouve un travail stable... mais la stabilité n'avait jamais été mon point fort. Non, j'aimais l'aventure et enchainais les histoires d'amours, les divers jobs... je vivais comme je l'entendais sans me soucier du lendemain.

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"- Lulu on sait que t'es là, si t'ouvres pas la porte dans la seconde, je te promets que je la défonce et après faudra pas te plaindre que t'as plus de porte !!!". Du Kierra tout craché, mais derrière son ton agressif se cachait une réelle inquiétude. Voila trois semaines que nous n'avions pas vu Lulu. Certes, nous avions toutes pris des directions assez différentes, mais nous nous voyons très régulièrement. L'absence de Lullaby était donc un très mauvais signe. "- Luluuuuu ouvres cette porte, s'il te plaît !!!". La manière douce allait peut-être marcher et puis j'en avais un peu marre de poiroter devant la porte de la chambre étudiante de Lulu. De plus, les étudiants nous regardaient tous étrangement et je n'aimais pas vraiment ça. On sentit alors du mouvement de l'autre côté de la porte et le bruit du verrou. La porte s'ouvrit alors rapidement et deux bras nous tirèrent à l'intérieur de la petite chambre. On entendit ensuite la porte claquer et à peine ai-je eu le temps de poser mon regard sur Lulu que... "- Putain Lulu t'as pas dormi depuis combien de temps ?". En effet, Lullaby avait le teint pâle, des cernes sous les yeux, les cheveux en batailles... elle était visiblement à bout de force et cette vision me déchira le cœur. Le regard clair de notre meilleure amie se mit alors à briller et je me retrouvais brusquement quelques années en arrière, lors de notre première rencontre. Mais beaucoup de choses avaient changé entre temps et ça n'était plus pareil. "- Il... il m'a quitté...". Elle baissa alors la tête, tentant de nous cacher les larmes qui dévalaient désormais ses joues. Immédiatement, je me jetais sur elle, la prenant dans mes bras, tandis que Kierra fulminait à mes côtés. C'était sa façon d'exprimer la peine qu'elle ressentait vis-à-vis de Lulu. "- Mais quel trou de balle ce mec ! Il sert à rien ! Je te jure que si je le croise, je lui défonce sa tête de pigeon !!!". Cette remarque eut le don de soutirer un léger sourire au visage blafard de notre Lulu qui n'en avait pas terminé avec les confidences. "- Je... je suis enceinte les filles...". Coup dur, gros blanc. Ce fut une vraie surprise et après un regard échangé avec Kierra, on s'installa toutes les trois sur le lit de Lullaby. "- De... depuis quand ?". Lullaby soupira, tentant de trouver la force de s'exprimer sans pleurer et ouvrit une fois de plus la bouche. "- Deux ou trois mois... C'est pour ça qu'il m'a quitté... il a pris peur... Vous savez, mon grand-père est mort il y a quelques mois, il m'a légué sa maison à la campagne... à Urbana... c'est calme là-bas... j'ai besoin de me poser... je crois que je vais y aller...". J’eus peur à cet instant précis... peur de perdre ma meilleure amie, elle et sa joie de vivre... Lullaby avait toujours été la plus fragile d'entre nous et la haine que j'éprouvais à ce moment précis pour celui qui l'avait mis en cloque était indéfinie. "- On vient avec toi !".