a écrit:

“ C'est la vie pas le paradis. ”
parce qu'il y un avant, un après, le dehors, le dedans.

Mes parents se sont toujours détestés. Toujours. Je sais que certains enfants se plaignent dès qu'un de leur géniteur hausse un peu le ton, de temps en temps. Je sais que les périodes de crisent touchent tout le monde un jour ou l'autre. Mais moi, les miens c'était constant, pas une seconde de répit, pas une phrase sans reproche, pas un compliment sans une once de cynisme ou d'ironie. Un cauchemar vivant, autant pour eux que moi. Parce que oui, au fond du fond, ça ne leur plaisait pas plus que ça de s'engueuler pour un oui ou pour un non, ils auraient voulu s'aimer, comme dans les comédies romantiques, un amour dont la flemme de ne s'éteint jamais, avec comme conclusion "ils vécurent heureux". Seulement voilà, la vie en avait décidé autrement, leur vie ne se résumerait qu'à des bagarres incessantes .et j'en étais la malheureuse spectatrice.
« Dis, maman, tu l'aimes papa ? » Je devais avoir neuf ans, dix maximum, et pour moi l'amour était encore un merveilleux conte de fées. Je pensais, bien naïvement, qu'un jour je trouverai le parfait prince charmant, seulement je ne voulais pas qu'il ait une épée et un cheval blanc, mais un tazer et une mini cooper. Je pensais que dire "je t'aime" était aussi facile de dire "j'aimerais une glace à la vanille". « Viens là ma puce, assied toi sur moi. » C'est ce que faisait ma mère quand elle devait m'annoncer quelque chose de grave, elle prenait cette voie mielleuse, ce petite rictus de complaisance et me demander de m'asseoir sur ses genoux. « Papa et moi c'est compliqué, on est pas vraiment des Roméo et Juliette, la vie ne nous a pas réellement sourit sur le point de vue émotionnel. On s'est aimé, beaucoup, trop peut être et ça nous a détruit. La seule chose qui nous lit encore c'est toi Spleen, rien que toi. » Et c'est là que je compris alors que l'amour c'était nul, moche et que ça craignait. Que je pourrai faire tout ce que je veux, tout mon possible pour me convaincre que l'amour c'est beau, ça sent bon le sucre et c'est éternel, je n'y arriverai pas. Ma mère venait de m'ouvrir les yeux, mais je n'allais pas l'accepter tout de suite.

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« Jules, je l'aime. Je suis complètement atrocement amoureuse de lui. » Jules c'était mon meilleur ami, la seule épaule sur laquelle je n'avais pu me reposer, la seule oreille prête à entendre tous mes coups de gueule, c'était un peu moins en mec. Un vrai, pas une grande folle, le vrai mec qui se siffle des pintes et des pintes de bière en regardant un match rugby, le mec qui drague toutes les nanas qui passent dans la rue, le mec qui rentre d'une soirée trop arrosée avec une entaille à la lèvre et un œil au beurre noir. Pourtant Jules c'était un peu ma meilleure amie. « Oh nan, pas encore Spleen, pas encore ... » « Et bah si encore ! Et je peux t'assurer que ça me fait autant chier que toi ! Amoureuse, mais merde, pourquoi est-ce que je suis ENCORE amoureuse ? » Je me laissais lourdement tomber sur le sofa. C'était de loin le seul meuble de bonne qualité de l'appartement qu'on partageait. Tout le reste était miteux, pleins de poussière et vieux d'au moins cinq cents ans ! « Dois-je te rappeler comment s'est terminée ta dernière histoire ? » Je le suppliais avec un geste de la tête de ne pas le faire, mais il s'en moquait pas mal ... « Hum il me semble que c'était Hugo. Le bel Hugo, un peu trop dandy à mon goût, mais un très bon parti. Vous vous êtes rencontrés à une soirée huppée où tu t'es incrustée comme un petit mollusque - ce que j'ai toujours adoré chez toi -, il t'as séduit avec ses belles paroles, souvent liées au droit, ce que tu n'as pas dû vraiment comprendre. Vous vous êtes vus pendant de longues semaines, tu es tombée follement amoureuse, tu parlais H-24 de lui puis il t'a trompée. Et là, boum patatra catasroppphheeeee ! Mini dépression, tu as vaporisé son casier à la salle de sport de poils à gratter, tu as brûlé tous les tableaux qu'il t'avais demandé de gentiment garder chez toi, tu as aussi appelé son patron pour dire que c'est avec sa femme qu'il t'a trompée. Bref, et j'en passe des meilleures. Spleen, je t'adore, mais être amoureuse ça ne te réussit ja-mais ... » « Oui bon bah j'ai compris hein, merci Jules, merci beaucoup. » « C'est tout naturel ! » « Mais je suis certaine que c'est le bon cette fois-ci, tu verras ! » Il explosa de rire, comme si je venais de sortir une grosse absurdité. Ça voulait tout dire, en tout cas quelque du genre :"c'est ce que tu dis à chaque fois Spleen, change de disque ... ". « Bon ok, on verra. »

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« Théophile, je suis rentréeeeeeee ! » Je sautais partout, j'étais rentrée plutôt d'un voyage à Londres pour mon agence, je rêvais de le retrouver. Encore une fois j'étais tombée amoureuse, bien trop, d'un garçon, Théophile, un jeune mannequin français. Grossière erreur, j'allais m'en rendre compte ... « Spleen c'est toi ? » « Et oui, SURPRISE ! » Et quelle surprise. Je le surpris, chevauché par un beau mâle. Il me trompait, mais en plus il était gay. « Je ... Tu .. es ... » Il se leva d'un bond, attrapa une chemise au vol, et la boutonnant au hasard, essayait de se justifier en bégayant.« Gay ? Bah oui, oui ! Je suis désolé que tu l'apprennes comme ça, sincèrement, je pensais que tu rentrerai plus tard ... » J'hésitais entre plusieurs sentiments : être ravie pour lui, qu'il soit enfin ce qu'il était. Furieuse, qu'il m'est trompée, en plus avec un homme, qui si je l'avais dégoûté des femmes. Ou totalement perdue, désabusée. « Tu sais quoi ? Je veux rien savoir Théo, fait ... fait ce que tu veux, je veux pas le savoir ..! »
Et je suis partie, sans rien prononcer de plus. Au fond ça aurait pu être pire, j'aurais pu le surprendre au lit avec une femme ET un homme, non ? Pourtant les larmes montèrent et je m'effondrai sur les genoux de Jules.

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C'est donc à partir de là que j'ai fini à Ubana. Pourquoi ? Parce que. Parce que merde, j'en ai marre de croire en l'amour, j'en ai marre de me laisser marcher dessus pas de gros matchos qui se foutent de moi tout le temps, j'en ai marre, marre, marre. On m'a dit qu'ici on pouvait penser notre plaie, tourner la page et aller de l'avant, c'est tout à fait ce dont j'ai besoin ! J'ai tendance à facilement tomber amoureuse, espérons juste que je ne tombe pas sous le charme d'un célibataire qui traînerait dans le coin ...